Rencontre au carrefour [PV : Deux femmes, x), je sais plus leurs noms ^^]

Pallengad ne lui suffisait plus, c'était peut être vrai. Hayate lui aurait sûrement reproché ce petit caprice, mais elle s'en fichait. Elle avait beau être noble, elle se voyait vraiment très mal demander à qui que ce soit de l'accompagner, au cas où. Ce n'était pas la première fois qu'elle faisait des escapades de ce genre ! Bon, il est vrai que ceci était plus un voyage qu'une simple escapade ayant pour unique but de s'entraîner quelque peu. Elle avait gardé son arc, mais elle ne comptait pas s'en servir.
Elle avait tout de même déniché une monture dans les écuries avant de partir. Et ce n'était pas une très bonne idée, car Izsirka n'était pas une très bonne cavalière, même si elle se débrouillait. Il aurait fallu lui donner un animal calme, mais celui qui piaffait sous son poids était loin de l'être. Elle le contrôlait de son mieux, tout en surveillant attentivement son chemin.
En belle ignorante qu'elle était, elle avait naturellement pris le chemin principal. Jusqu'à présent, elle n'avait rencontré personne, et ce n'était pas plus mal. Si elle avait eut le malheur de tomber sur des brigands, elle ne s'en serais pas sortie indemne, malgré la rareté de ses bijoux. Elle se trouvait sur un large chemin de terre plane, entourée de grands arbres aux feuilles translucides qui laissaient échappé quelques rares rayons de soleil qui caressaient sa peau furtivement. Il faisait doux, agréable, et une petite brise secouait de temps à autre le feuillage fourni soutenus par les hauts troncs à l'écorce tendre. Une belle journée, en somme. A ce rythme, peut être pourrait-elle arriver à Myridia avant la nuit... Sans doute. Elle était pleine d'optimisme alors que sa monture fougueuse trottinait nerveusement sur la route.
Elle aperçut alors un groupe de silhouettes qui se dessinèrent à l'horizon, avançant lentement vers elle. Elle n'aurait pas du y voir quoi que ce soit, mais à la vue des trois inconnus s'approchant, elle fut prise d'une certaine nervosité qu'elle n'expliquait pas, sentiment qui se propagea jusqu'à l'étalon, qui brusquement, fit une embardée sur le côté, lui arrachant un cri de surprise. Elle s'accrocha à sa crinière, et elle fit bien : d'un bond prodigieux qui la secoua comme un prunier, il bondit par dessus les buissons pourtant bas et s'enfonça dans la forêt comme si de rien n'était, dans un petit galop. Sans chercher à l'arrêter, la jeune femme s'agrippa juste à lui et le laissa ralentir tout seul.
Dès que l'étalon se fut arrêté, elle bondit au sol, le cœur au bord des lèvres. Elle avait bien besoin de ça, une balade dans la forêt ! D'un geste nonchalant, elle débarrassa quelques feuilles emmêlées dans sa courte chevelure châtain, jeta un regard mauvais à sa monture qui l'ignorant, puis se saisissant des rênes sans douceur, elle reprit sa route. Elle préféra ne pas remonter sur le cheval, celui-ci lui avait déjà assez attiré d'ennuis comme ça ! Faisant un large arc de cercle pour rejoindre la route, elle avançait à grand pas peu élégants, mais illustrant bien son agacement, voir sa colère. Elle jeta un nouveau regard irrité à sa monture indisciplinée sans que celle-ci s'en offusque, puis reporta son attention sur le sentier quasiment invisible qu'elle suivait.
Elle eut la surprise de voir une jeune femme aux longs cheveux clairs, ondulés et brillants comme la soie. Jeune femme qui semblait regarder quelque chose, et sans réfléchir, ni même songer au fait qu'elle n'avait aucunement envie de voir quelqu'un en cet instant, elle se rapprocha, ignorant l'étalon lorsque celui-ci sembla vouloir faire demi-tour. Elle vit alors un homme, non dénué de charmes, il est vrai, au profond regard azur et à la chevelure noire corbeau. Elle continua d'avancer, maintenant intriguée sans savoir trop quoi penser de ce petit rendez vous clandestin (niark). Elle n'entendit pas les mots de la jeune femme, ainsi se prépara-t-elle à excuser son intrusion, mais elle se ravisa. Elle n'était vraiment pas d'humeur à s'excuser de quoi que ce soit. Et au diable la courtoisie ! Veillant juste à ce que sa voix ne semble pas trop sèche ni trop désagréable, mais juste parfaitement neutre, elle prononça :

- Excusez moi si je vous dérange, et bonjour...

A ces mots, elle repassa à nouveau de la jeune femme à l'homme, puis un sourire sans joie se dessina sur ses lèvres, et elle continua :

- Savez de quel côté est la route ?

Elle ponctua sa question d'un sourire un tout petit peu plus sincère, histoire que sa demande ne paraisse pas trop sèche, mais ne pensa pas à se présenter et ne posa aucune question sur leur présence ensemble à cet endroit. De toute façon cette dernière question lui aurait paru bien indiscrète et même si elle se souciait, en cet instant, de la courtoisie et de la politesse comme d'une guigne, il n'était pas de son genre de demander cela. Peut être était-ils amants ? Tout semblait l'indiquer, pour elle qui n'avait pas entendu les mots de Kaede et les trouvait ensemble dans un lieu pourtant généralement... peu passant.

Il était fort heureux qu'Izsirka ne connaisse pas les opinions de l'inconnu sur les femmes et leur force, car elle était particulièrement féministe et elle ne pouvait supporter ces hommes qui les toisaient de haut. C'était l'une des principales raisons, par ailleurs, qu'elle avait insisté pour maîtriser l'art du tir à l'arc, et elle s'en sortait pas trop mal, mieux que la plupart des hommes, d'ailleurs.
En tout cas, la galanterie et les manières exquises du jeune homme la surprirent et s'arrêtant, muette, interloquée, elle l'écouta déclamer d'une voix assurée un discours digne des meilleurs séducteurs de Pallengad qui collait parfaitement avec son physique pour le moins... attirant. Mais c'est fort dommage, car la jeune femme n'était pas née de la dernière pluie, et elle se méfiait par expérience de ces hommes qui glissent de belles paroles à leurs oreilles, et qu'elle n'était que partiellement sensible à son charme, à cet instant. Elle glissa un furtif regard à l'autre jeune femme aux longs cheveux châtains pour voir sa propre réactions aux mots doux de l'homme quelque peu douteux, elle même ne sachant comment réagir.
Lorsqu'il s'adressa à elle, elle secoua légèrement la tête, faisant voltiger ses courts cheveux, puis sourit. Elle pourrait très bien se débrouiller seule dans cette « forêt cruelle » qui ne l'était d'ailleurs pas tant que ça. Les arbres étaient plutôt espacés autour d'eux et elle retrouverait facilement son chemin. Mais il lui paraissait impoli de s'esquiver maintenant qu'elle avait déjà engagé la conversation. Ainsi elle hocha vaguement la tête, souriant. Il avait beau être un séducteur dont la drague n'était pas des plus subtiles, il avait l'air d'être de bonne compagnie et elle se sentit radoucie. Un peu.
A sa question suivante, le visage impassible mais l'air légèrement plus calme que auparavant, elle inclina légèrement la tête, répondant d'une voix claire et teintée de malice :

-Enchantée, Yuki. Mon nom est Izsirka Tanaka.

Elle ne s'inquiétait guère, elle. En tout cas, elle ne doutait pas que le nom fourni par l'inconnu soit vrai, et le sien étant peu connu... Cela faisait si peu longtemps qu'elle était noble, toute façon ! Et noble de moindre envergure... Il y avait peu de chance qu'on la connaisse, même si cet homme était de Pallengad.
Elle tourna ensuite son regard vers Kaede, attendant son intervention avec un petit sourire. Elle relâcha un peu la tension sur les rênes de sa monture, ne les tenant plus que du bout des doigts, et l'étalon en profita pour arracher quelques brins d'herbes du sol, ce qu'il trouvait au pieds des arbres et entre les racines noueuses.