{ «Moment de Solitude »

Le vent souffle, nous sommes le soir, déjà quelques étoiles apparaissent timidement dans le ciel. Il n’y a personne, le silence règne en maître ici. Je profitais d’un de mes rares moments de solitude, couchée sur l’herbe verte. Les yeux fermés, les sens déployaient. Je sentais le vent qui caressait ma peau, l’herbe, qui ondoyait entre mes doigts. Cet endroit était très reposant. Habituellement, Stonefolm était grouillant de vie. Je n’avais pas un moment seule. Mais là...Là je profitais. Cela faisait depuis une heure que j’étais là, étalée. Proie facile pour un prédateur potentiel. Non, à vrai dire, je me trompais. Il n’y avait pas de prédateur dans la nature. Il n’y a que des animaux, plus ou moins agressifs, qui attaquent lorsqu’ils se sentent menacés. Les seuls prédateurs, les seuls enquiquineurs, étaient les autres humains. Toujours à piailler pour un oui ou un non. Toujours à faire du bruit, à courir à droite & à gauche... Ils ne savent pas se taire et admirer leurs environnements. Ces êtres grossiers ne savent pas ce que c’est la beauté... Ils ne voient que l’extérieur. Ils ne voient que l’apparence. L’intérieur est-il donc si difficile à voir ?... Un soupir m’échappa.

Je roulais sur le ventre et ouvrit mon œil. Je n’avais plus qu’une vision restreinte, à cause de ce lynx. Ce lynx qui m’avait attaqué, il y a de cela longtemps. Ce lynx qui m’a privé d’un œil... Enfin, c’est le passé... Mon regard suivis quelques instants le vol gracieux d’un rapace. Ce dernier décrivait de merveilleux cercle dans le ciel qui tirait au bleu foncé. Unique point foncé dans un ciel allant de bleu clair à bleu foncé, en passant par le rose. Je savais que si je fermais mon unique œil, je le perdrais définitivement de vue et je serais incapable de le retrouver par la suite. Et, à force de le regarder, mon œil s’embua. Je clignais rapidement de la paupière, mais une fois de plus j’avais raison, impossible de retrouver l’oiseau. Dommage.

Je me relevais prestement et m’avança vers le bord de la cascade. Là, je me penchais, recueillis un peu d’eau entre mes paumes jointes qui formait une petite coupelle et bu longuement. L’eau était fraîche et me brûlait presque la gorge. C’est alors que j’entendis un bruit derrière moi. J’avalai de travers et manqua de m’étouffer. Je relâchai l’eau encore prisonnière de mes mains, portant mes doigts frêles à ma gorge et toussa. Le rejet de l’air et de l’eau de mes poumons m’irrita légèrement la gorge. Mais cela passa rapidement et je me redressais. Soit il y avait une personne derrière moi, soit il y avait un animal. Je ne cherchais pas à savoir. L’ignorant sublimement, je me dirigeais vers l’érable et grimpa rapidement. Je m’installai sur l’une des branches, où je me calais confortablement, tout en regardant l’horizon. L’être vivant, humain ou animal, s’en irait bien au bout d’un moment...

Kiara soupira quand elle mit les pieds sur le royaume de Stone, elle n’était plus venue de ce côté ci de la carte depuis la mort de Keigo . Elle savait qu’elle risquait d’être recherché pour sa mort et qu’elle devait se méfier mais malgré tout ce n’est pas ça qui la poussait à fuir ce territoire. Elle avait l’impression que son ancien ennemi pouvait surgir à tout instant et se retrouver là, debout devant elle, comme la nuit où elle l’avait tué. Elle revoyait très bien la scène mais si le décors était bien différemment par rapporte à cette nuit ci. Tout semblait calme et serein, le temps semblait s’être arrêter et la guerre n’était plus qu’un mince filet de songe très loin dans les esprits.
Chaque être aspiraient un jour à pouvoir s’évader du monde dans lequel il vivait, chaque humain ressentait se besoin de s’éloigner de tout, même de ce qui l’aimait pour au moins respirer une fois un oxygène sans bruit. Eh bien Kiara aspirait à ça se soir. Tout son corps avait besoin repos, sa tête n’arrivait plus à endurer chaque coup qu’elle recevait, elle avait besoin de se poser et de regarder le monde différemment. Quand elle regardait ce qu’elle avait fait de sa vie depuis la mort de ses parents, l’assassine était a la fois fiere d’avoir montée aussi haut dans les échelons mais elle se trouvait pitoyable car la façon dont elle y était parvenue n’avait rien de glorieux, la poupée désarticulée qui ne pensait que la mort dans son plus simple appareil.

Kiara se dirigea vers l’érable, elle marchait d’un pas lent et feutré. Elle ne remarqua la jeune demoiselle qu’au dernier moment, juste a l’instant où elle s’était mise à tousser. L’assassine l’observa quelques secondes et ne décelait en elle aucun danger potentiel, elle semblait lasse et légèrement énervée mais pas au point d’attaquer. Elle se détendit, elle avait espéré un peu de repos et cette jeune fille n’avait apparemment pas envie de s’en prendre à elle.

Reculant de quelque pas, Kiara alla s’asseoir au bord de l’eau, elle observa la jeune fille sans dire un mot, elle la suivit même du regard quand celle –ci monta dans l’érable. Elle soupira, sa vie était bien morne et sans intérêt depuis maintenant un mois, tout semblait s’être arrêté, Keigo lui avait ordonné quelque chose avant sa mort et l’assassine était très à cheval sur les dernières paroles d’un mort mais ce qui lui avait demander la poussais à aller vers les autres et a changer son caractère. Kiara se plaisait trop dans son confort précaire dans lequel elle vivait depuis 13 ans pour en changer du jour au lendemain.

Finalement Kiara desserra les lèvres, rien d’intéressant n’en sorti mais ce n’était les seules paroles qui lui étaient venues à l’esprit.

Vous aussi vous cherchez un peu de calme ? Ou bien vous cachez vous du monde qui vous insupporte ?

La personne, indéniablement une femme, me parla. Je me concentrai sur l’horizon, faisant de mon mieux pour ne pas la regarder. Elle ne semblait pas hostile. Voir même quelque peu perdue, aussi bien physiquement que mentalement. J’observais le soleil finir sa descente, disparaissant derrière l’horizon après un ultime rayon de lumière d’adieu. Ou plutôt d’au revoir. Dans quelques heures, il serait à nouveau là...Enfin je me tournai légèrement vers la femme. J’avais raison, elle semblait perdue. J’avais souvent raison ces temps ci... Hum. Et alors, après un long moment de silence, je lui répondis :

« Peut être bien. »

Je n’allais pas tout lui dire. Je ne savais pas à quel royaume elle appartenait, ni même son rang. Peut être étais-ce une noble ? Enfin, sans son escorte ? Se serait très étrange... Ou peut être une civile, comme moi ? Elle ne représentait pas un danger pour moi, aussi je me détendis légèrement, mettant ma méfiance de coté. Même si elle m’attaquait, j’aurais le temps de réagir, j’étais trop haut perchée dans l’arbre pour qu’elle puisse m’atteindre en sautant.

« Vous aussi, je me trompe ? »

Bon, aller, je faisais des efforts. Puisqu’elle aussi en faisait, visiblement. Elle ne semblait pas très bavarde, ce que j’appréciai. Je ne l’étais pas moi-même. Et ceux qui parlaient sans cesse, je ne pouvais pas me les voir en peinture. Sa me donnait des envies de meurtres...Même si jamais je ne tuerais ces personnes là. Je n’en aurais pas le courage...Alors je les fuyais, simplement. La solitude est tellement plus attrayante !...

Je jetais un regard au ciel. La lune venait d’apparaitre, scintillante dans son manteau d’argent. Reine de la nuit, avec pour sujets les étoiles, elle n’en était que plus belle. Pas un nuage ne parcourait à présent la voûte céleste. Nous aurions une belle nuit, aujourd’hui... Et demain, une bonne météo. Je reportais mon attention sur la jeune fille, la détaillant rapidement, sans m’attardais sur les détails. Elle était grande, avait des cheveux roses, le teint pâle, mais je ne pouvais pas aisément savoir la couleur de ses yeux, à cause de la distance à laquelle nous nous trouvions. Dommage. Je parcourus tout aussi rapidement mon répertoire de connaissances. Non, je ne savais pas qui c’était. Peut être l’avais-je déjà vu, mais j’en étais sûr, je ne lui avais jamais parlé. Bon. Sa me ferait une connaissance de plus...

Tout reste calme, comme figé dans le temps, le son semblait suspendu dans l’air doux et sucré de ces jours de printemps. C’était légère chaleur faisait d’ailleurs le plus grand bien, c’était bien la première fois depuis des mois que les muscles de Kiara étaient aussi détendu. Son corps se relâchait enfin après des mots de travail et de lutte contre le froid qui avait essayé de l’emporter. Son corps de femme se révélait d’ailleurs un peu plus, son visage s’était un peu adoucit a caresse des premiers rayons de soleil, relevant un peu sa beauté mais malgré tout son regard restait froid et absent. Une chose s’était brisée en elle depuis longtemps et elle ne savait pas elle-même si un jour elle arriverait à réparer cette horloge cassée, son propre cœur.
Elle avait un jour tendu sa vers un homme mais il lui avait tourné le dos, la laissant s’enliser dans le sable jusqu'à ce qu’elle s’étouffe elle-même. Elle avait aimé une fois et a quel prix ? Son cœur avait souffert, il avait déjà perdu tellement de choses, et cette rupture l’avait anéanti, elle avait vue sa vie se briser, elle avait vu son espoir de se réveiller sans peur s’en voler.

L’assassine garda son visage baisser sur le sol, ces souvenirs remontaient toujours à la surface quand elle se mettaient a réfléchir de trop. Elle devait occulté le passé et s’occuper du présent. Elle ne devait passer qu’à survivre dans ce monde qui la rejetait. Elle n’avait plus rien et elle devait a apprendre a vivre sans se rien.

Kiara pris soudain conscience que la jeune fille venait de lui poser une question. Relevant els yeux vers l’arbre ou la demoiselle se tenait, l’assassine réfléchit sur le pourquoi elle se trouvait ici.

Sincerement je ne sais pas ce que je fais ici, je ne devrais d’ailleurs pas m’y retrouver. Mais ma vie n’a plus de sens depuis un bête événement comme sa ma seule partie qui voulait encore vivre était rester a son corps… C’est idiot et puéril et pourtant je n’arrive pas à oublier, l’esprit est bien le pire des tortionnaires.

Kiara soupira et laissa ses doigts effleurer la surface de l’eau, elle se sentait mélancolique pour une raison qu’elle ignorait. Peut être que le temps y était pour quelque chose. Les familles se remettaient à faire des ballades, et cela devait sûrement jouer un rôle sur elle ou bien… La disparition de son pire ennemi, l’ennuyait car elle n’avait plus personne avec qui se mesurer ?

Je levais un sourcil, à l’entente de sa réponse. Un petit ami perdu ? Voilà pourquoi je ne m’attachais qu’a très peu de personne. A chaque fois on se blesse, a trop aimer. Cette jeune femme en avait fait l’expérience. Je pris ma respiration, et répondis :

« Il ne faut pas s’attacher trop vite aux gens. Vous en avez eu l’exemple, à chaque fois on finit par souffrir. Votre petit ami a peut être réussit a gagner votre cœur, mais à la fin, il vous a blesser, et ceux, énormément. Ne faîtes plus cette bêtise...C’est vraiment stupide d’aimer souffrir... »

Les long discours, ce n’était pas vraiment mon truc. Mais là, je n’avais pas eu le choix. Je venais de lui donner un conseil. Un conseil made in Kira. Je me tournais enfin complètement vers la fille, la fixant.

« Pour l’oublier, il faut d’abord se changer les idées. Rester dans des endroits isolés avec personne pour vous tenir compagnie, c’est une très mauvaise idée. Sa va pour les personnes comme moi, qui haïsse le tumulte, le bruit, la foule...Mais pas pour vous. Regagner votre famille, vos amis. Ils vous aideront. »

Je venais de battre mon record. 105 mots dits en quelques minutes à peine. Certes je ne lui avais quasiment rien dit de moi, mais à cette allure là, je risquais de me dévoiler un peu trop pour ma propre sécurité. Je devais arrêter, et reprendre mon habituelle phrase de 5 mots maximum. Cependant, je réfléchissais toujours à ses paroles. Un bête évènement ? Soit elle en était la responsable, soit elle n’était pas fautive. De plus, elle me disait que sa vie n’avait plus de sens. Peut être m’étais-je trompée, peut être étais bien plus qu’un petit ami ? Un frère, peut être ? Ou simplement son père ? Je ne savais pas. Mais ce que je savais, c’est qu’elle allait me donner plus d’informations, bientôt.

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